Landes, vent, mer, pluie, nuages, trèfle... vous ne vous trompez pas, on parle bien sûr de l'Irlande !
C'est dans ce beau pays que les scouts de la Vème Grenoble ont planté leurs tentes cet été.
20 jours de camp, 20h de bateau, 2000 km de trajet, 20 000€ de budget, 27 scouts, 7 chefs... et beaucoup d'heures de travail ont été nécessaires pour organiser ce camp.
Je vous raconte tout ça !
Fin août 2024, premières réunions. Le thème d'année et les dates des weekends sont encore en discussion. Mais nous sommes déjà d'accord pour tout mettre en œuvre dans le but de vivre une année extraordinaire en troupe.
Comment tirer les scouts vers le haut pendant toute une année ? Comment maintenir la motivation de la troupe au fil des mois ? Quel projet pourrait nous galvaniser aussi longtemps ? Une idée germe dans notre esprit. Pourquoi ne pas faire le camp d'été à l'étranger ?
La proposition nous séduit rapidement.

Un camp à l'étranger nécessite beaucoup d'anticipation donc un travail sur l'année et pas seulement en juin. Il requiert un gros investissement pas seulement de la part du CG et CT mais aussi de la maîtrise du groupe et de toute l'unité. Il exige par ailleurs un bon niveau technique de la part de chaque scout, ce qui signifie progression constante.
Ces beaux arguments sont convaincants ! Une rencontre avec le Commissaire National Eclaireur Irlandais va rapidement nous mettre sur une piste. Il brosse un tableau de l’Irlande qui va vite emporter notre adhésion : voici en substance ses mots.

« Les scouts d’Irlande étaient florissants jusque dans les années 80. A ce moment, le national Irlandais a entrepris une série de réformes pour adapter le scoutisme à son temps. Au fur et à mesure, de nombreuses valeurs fondamentales du scoutisme ont été supprimées pour laisser place à un mouvement déchristianisé et marqué politiquement. Depuis 10 ans, le scoutisme européen tente de s’implanter pour redonner un sens à l’engagement scout sur place. Chaque année, les groupes irlandais sont aidés par des groupes étrangers notamment français, qui viennent rayonner de leur scoutisme. Les fruits commencent à s’observer, il faut continuer ces efforts par l’exemple ! »
Nous voilà définitivement convaincus. Ce camp à l’étranger sera pour la troupe l’occasion d’épauler une troupe irlandaise et donnera un véritable sens, presque missionnaire, à ce voyage !

La CDH ne cache pas son enthousiasme. La maîtrise est partante. Le CG et l’ACDE aussi. Les référents PASS Europe de l’AGSE ont donné leur accord. Les parents et le reste de la troupe sont mis au courant et soutiennent le projet. La préparation de l’aventure peut commencer.
Le travail s’est fait à plusieurs, petit à petit, tout au long de l’année.
Etablir un budget détaillé et des moyens de financements. 20 000€ de budget total. 10 000€ financés par les parents à raison de 350€ par scout pour 20 jours de camp et4 000€ de dons (entreprises et particuliers).
Construire le programme. Fixer les lieux à visiter pour ne pas rester enfermés dans une forêt et vivre un camp comme en France. Prévoir les rencontres, demander des devis, appeler les locaux…
Soigner la relation avec la troupe irlandaise. Prendre contact, se répartir les tâches, se décider sur un programme commun. Comprendre les spécificités de leur manière de vivre le scoutisme.
Veiller au bon déroulement de l’année et à la progression de chaque scout avant tout. Prévoir des weekends de troupe bien construits, motiver les CP pour leurs weekends de patrouille, s’assurer de la bonne entente des scouts entre eux. Préparer l’imaginaire de camp, les jeux, les veillées, les accorder avec les irlandais. Faire attention à la cohérence et à la pertinence avec l’année, et vis-à-vis du projet pédagogique.
Tout ceci a préoccupé notre esprit pendant 10 mois. Cependant, garder la motivation au long de l’année n’a pas été compliqué étant donné que nous étions nombreux à nous impliquer dedans. Nous nous soutenions mutuellement. L'année scoute s'écoule rapidement, ponctuée par les WE de HP, patrouille et troupe.
Au fur et à mesure, le stress des incertitudes laisse place à une certaine forme de sérénité parce que nous nous savons correctement organisés, et avons hâte de vivre ce camp !

Voici des points du camp que je tiens à vous partager.
Le lieu de camp est remarquable. La forêt se trouve sur le territoire d’une abbaye. Située dans le comté de Limerick, Glenstal Abbey est occupée par des moines bénédictins depuis le XIXème siècle. Ceux-ci oeuvrent par leur prière, leur travail et leur accueil, à proposer un lieu de ressourcement spirituel où le visiteur rencontre Dieu à travers l’ambiance chaleureuse, silencieuse et bienveillante. Nous avons été remarquablement reçus par les moines, eux-mêmes très heureux de rencontrer des jeunes fiers de leur foi. De nombreux frères parlent le français, facilitant ainsi le dialogue. C’est la deuxième année consécutive qu’ils accueillent des troupes françaises sur leurs terres, nous espérons qu’ils renouvelleront l’expérience.
Nous nous entendons très bien avec les scouts irlandais. Nous apprenons leur manière de cuisiner, de faire des veillées, de se battre… ces autres approches du scoutisme sont différentes de celles de France. Après plusieurs semaines de camp, chacun finit par comprendre que ces différentes manières de faire ne sont pas moins bien pour autant.
Les visites et explorations en Irlande autour du lieu de camp sont fantastiques. Nous avons équilibré le programme pour permettre la découverte de l’Irlande. Malgré un ou deux imprévus, la flexibilité de programme permet aisément de s’adapter aux problèmes et de garantir de bons moments. Marche dans les Wicklow Mountains, visite de Dublin, exploration du Connemara, de l’île d’Inishmore, ascension du Carrauntoohill… les occasions ne manquent pour s’imprégner des paysages irlandais et rencontrer les habitants.
La cérémonie des promesses est très belle. A quelques kilomètres du monastère, sans visibilité, sans lumière, sans beauté apparente, sans piédestal naturel, sans soins, se tient une petite chapelle qui ne peut être reconnue que par l’autel et les quelques représentations de saints gravées dans la roche. Cette chapelle est celle des martyrs de l’occupation anglaise. Vestige du temps où dans leur propre pays, les catholiques irlandais furent hors-la-loi. C’est là où, pendant les nombreuses années de traques, fidèles jusqu’au péril de leur vie aux promesses de leurs baptêmes, ils se retrouvaient autour d’un prêtre pour entendre la messe. Aucun lieu plus remarquable que celui-ci pour un aspirant souhaitant prononcer devant Dieu et ses frères scouts sa promesse.
Bien sûr, cela n'est qu'une ébauche de toutes les aventures vécues. Ce camp fait vivre la dimension européenne de notre mouvement en découvrant des scouts avec d’autres habitudes, parlant une autre langue. Il fédère tout un groupe pas seulement sur un mois mais sur une année entière de par le temps de préparation, la nécessité de récolter les fonds nécessaires et l’importance de se préparer en profondeur. Il fait découvrir un autre pays avec une autre culture et des manières différentes de voir le monde sur une île à des centaines de kilomètres de la France. Il fait prendre conscience de certaines réalités, comme la chance que nous avons d’avoir un mouvement scout autant développé et doté d'une belle dimension européenne.
La troupe semble avoir laissé une belle image auprès des personnes que nous avons rencontrées, vous l’aurez compris, ce camp laisse en nos coeurs un souvenir inoubliable, nous en sommes sortis transformés, chacun à son échelle.
Pari tenu pour la troupe !
Merci à tous ceux qui ont rendu ce camp possible d'une manière ou d'une autre, et à tous ceux qui nous ont soutenus dans la prière !
Choisis l'essentiel et va vers les Cimes !
Grégoire, CT


