Le scout alpin est un esthète. Il ne retourne pas sans cesse dans ce monde à part sans ressentir ce goût particulier d’évoluer dans une autre dimension, sur une scène d’une beauté troublante. Ce sentiment est particulièrement perceptible en ski de randonnée lorsque la trace marque la montagne comme le pinceau la toile du peintre.

Toutefois, la beauté des lieux cache un environnement particulièrement agressif pour l’organisme humain et l’essentiel des risques supplémentaires des sorties en montagne découlent du milieu géographique.

Avec l’altitude, l’air se raréfie en oxygène, la température baisse, les rayonnements augmentent, l’isolement apparaît, pouvant rendre la vie problématique.

Une bonne connaissance du milieu et une pratique mesurée, permet d’anticiper les dangers.

Bivouac de Baptiste Lepoutre lors de son périple en Cordillère des Andes

Bivouac de Baptiste Lepoutre lors de son périple en Cordillère des Andes

Les étages de végétation :

La montagne se découpe en étages ; reconnaissable par sa végétation, le scout qui sait reconnaitre les espèces végétales en montagne peut approximativement déterminer l’altitude a laquelle lui et sa cordée se trouvent, et donc connaitre par exemple la température diurne et nocturne : donc anticiper les dangers liés au froid.

Moins de 900m : l’étage  collinéen (Colline et plaine), la température moyenne est : + 15 ° C . La période de végétation (avec feuilles) est de 8 à 9 mois. C’est l’étage des cultures, des champs fleuris, des feuillus comme le chêne cécile ou pédonculé, le châtaigner, l’érable champêtre …

De 900 à 1 600m : l’étage montagnard : la température moyenne : + 8° à + 15° C. La période de végétation dure de 6 à 7 mois. C’est l’étage de la hêtraie-sapinière où poussent beaucoup de résineux (sapins blanc, pins sylvestres) en association à des forêts de hêtres.

De 1600 à 2300m : l’étage subalpin : la température moyenne : + 5° à + 8°C. Il y a beaucoup d’arbres : épicéas, pins cembro, mélèzes, aulnes verts, la période de végétation dure de 3 à 5 mois. Les alpages apparaissent.

De 2300 à 3000m : l’étage alpin la température moyenne est de + 2° à + 3°C. La période de végétation dure de 1 à 2 mois. La température limite la végétation; il y a des étendues herbeuses (alpages, pelouse alpine). La végétation est rare. Les fleurs sont à tige courte.

Au dessus de 3000 mètres : l’étage minéral : au dessus de 3000 mètres la température moyenne est autour de 0°C. Il y a des neiges éternelles, des glaciers, des roches et très peu de végétation. La végétation est différente selon les versants. Le versant nord est plus froid, plus humide, car il se trouve longtemps à l’ombre. Le versant sud est plus chaud, plus ensoleillé. C’est l’adret et l’ubac.

Les symptômes liés au milieu

(Source FFME = Fédération Française de Montagne et d’Escalade)

L’air sec

Avec la baisse de la pression atmosphérique (lié à l’altitude et au mouvement météo), diminue également la pression de vapeur d’eau : l’air est sec en altitude. Deux conséquences essentielles : déshydratation et irritation des voies respiratoires.

Boire beaucoup, environ une gorgée toute les 5 mn à 10 mn. La « pipette » est indispensable

On perd plus d’eau en altitude, la déshydratation est plus rapide qu’en plaine
Il ne faut pas attendre d’avoir soif pour boire

Rayonnements

La couche d’atmosphère au-dessus de nos têtes absorbe les rayonnements cosmiques et constitue un bon écran solaire au bord de la mer. En altitude cette protection se fait beaucoup plus mince. Nous sommes ainsi très exposés aux rayonnements solaires très agressifs : ultraviolets, Infrarouges, Gamma
Soleil = bombe H = irradiation = attention :

Brûlures cutanées – brûlures oculaires (ophtalmie) – vieillissement de la peau et de la rétine – cancers cutanés.

Se protéger du soleil : crème écran, lunettes …
Plus on monte, plus les rayonnements sont violents. Un fin brouillard n’arrange rien.
Grave pour les yeux d’oublier ses lunettes

Froid

La chute de la température de l’air est d’environ 6,5°c par mille mètres d’ascension.

L’impression de froid est accentuée par le vent. Ces facteurs conjugués, tendent à faire baisser la température du corps. L’hypothermie nous guette.

Hypothermie :

Tout abaissement de la température centrale en dessous de 35°c constitue une hypothermie.

L’hypothermie est sévère en dessous de 30°c, à cette température, le coma s’installe. A la phase initiale (35°c), l’organisme réagit : frissons, vasoconstriction périphérique (les extrémités sont blanches et froides). Nous sommes mal équipés par la nature pour lutter contre le froid. La principale source de chaleur c’est le travail musculaire. Le risque d’hypothermie est donc maximum en cas d’immobilité. Il faut se couvrir, en commençant par la tête qui est la zone de plus grande déperdition calorique (les matériaux chauds et légers existent ! Pas d’excuses) et s’isoler du froid et du vent : trou, igloo, muret, tente de fortune…

Gelure

La gelure est une lésion localisée causée par l’action directe du froid au cours d’une exposition plus ou moins longue à une température inférieure à 0°c. Elle touche surtout les extrémités et les zones découvertes : doigts, nez, oreilles, joue, poignet. Le risque est maximal en hiver lorsque les températures sont très basses. La gelure survient le plus souvent sur un défaut d’équipement : trou dans la chaussette qui met l’orteil en contact direct avec la coque plastique, gant percé… Cela commence par une sensation de froid et d’engourdissement puis la zone devient insensible, la peau est blanche. Au stade initial la peau peut facilement revenir à la normale en la protégeant et la réchauffant. Sinon la gelure s’approfondit, avec un risque de séquelle.

L’hypoxie

La diminution de la pression de l’oxygène dans l’air ambiant entraîne une diminution de la quantité d’oxygène disponible pour les cellules de l’organisme. Ainsi se définit l’état d’hypoxie. L’oxygène est l’élément vital des cellules de l’organisme (en premier du cerveau, mais aussi des muscles…) on comprend que l’altitude représente un stress physiologique sévère pour l’organisme.

A la différence de la micro-gravité ou de l’environnement aquatique, lieux où la vie est impossible sans artifices, l’homme s’adapte à l’altitude. Lorsque l’on séjourne suffisamment en altitude, des mécanismes physiologiques se mettent en place ; ils permettent de compenser le manque d’oxygène. Cette adaptation a des limites, et la performance diminue avec l’altitude, même pour des sujets entraînés.

Un des reflets de l’adaptation à l’altitude est l’augmentation de l’hémoglobine. Cette protéine du sang sert à fixer et à transporter l’oxygène jusqu’aux cellules les plus reculées de l’organisme.

Un taux d’hémoglobine supérieur à la normale est donc nécessaire pour le skieur-alpiniste. Par contre, un taux trop élevé devient dangereux pour la santé ; il élève la viscosité sanguine créant ainsi un obstacle à la circulation sanguine, augmentant le risque de thrombose veineuse (phlébite) et diminuant la performance. La meilleure technique actuelle pour obtenir un bon taux d’hémoglobine est de séjourner régulièrement en altitude. Ces séjours acclimatent l’organisme et le préparent à l’effort en altitude. La performance en dépend.

Préparer l’organisme à l’effort en altitude en y séjournant régulièrement

Attention à la fatigue lors des efforts en altitude, le surentraînement guette. On ne monte pas en altitude pour s’oxygéner!

Avalanches :

Mieux vaut prévenir que … secourir. Pas de demi mesure!

Anticiper :

  • Prévoir des équipements chauds (deux couches au minimum) et un bonnet.
  • Si le vent se lève par grand froid : attention aux gelures : surveiller les zones exposées, s’observer mutuellement.
  • Ne pas négliger un gant percé, oublier une zone devenue insensible. Frotter une gelure avec de la neige.
  • Ce sont les dangers liés au milieu :  » tout ce qui peut nous tomber sur la tête « , mais aussi tous les risques liés à la pente. Ils contribuent à la dangerosité de la pratique augmentant le risque traumatique.
  • Le ski est un des sports les plus dangereux. Chaque année, 150 000 personnes se blessent à ski. Le risque est environ de 2,5 accidents pour 1000 journées de ski, risque multiplié par 10 en compétition. Heureusement, beaucoup de ces accidents sont bénins, la blessure la plus fréquente étant l’entorse du pouce.